Sans oublier...Gaston CARLE, Robert SALMON, Samuel SILVESTRE DE SACY et Michel ZÉVACO

Quatre journalistes que tout oppose. Leur point commun : la ville d’Eaubonne.

Gaston CARLE

Gaston Carle par Oliva

Nous le connaissons déjà en tant que Maire d’Eaubonne (voir cette page) de 1884 à 1886. Mais examinons de plus près sa carrière de plus de 15 ans de journalisme :

Correspondant des journaux étrangers sous Thiers (Président de la République du 31 août 1871 au 24 mai 1873 , mort en 1877), il collabore aux journaux d'opposition et participe à la lutte de la jeunesse républicaine contre le régime impérial. Un article paru dans « Le Peuple » de Jules Vallès lui vaut un séjour de plusieurs mois en prison. il était journaliste pour plusieurs titres:

  • L’Événement ;
  • Le Courrier de France ;
  • Le Temps (d’abord secrétaire de rédaction puis rédacteur pendant 15 ans
  • Le Peuple de Jules Vallès
  • Le Bulletin des Conseils municipaux (qu’il fonda en 1872)
  • Le Petit Breton (qu’il fonda à Rennes en 1877)

Puis il fonde, en mai 1879, le journal « La Paix - Grand Journal Républicain quotidien » , qu'il dirige pendant dix ans.

Il était également Secrétaire du Syndicat de la presse parisienne.

Lors de son séjour à Eaubonne, il résida dans le Château de La Vallée, 6 rue de Soisy à Eaubonne, comme plus tard son confrère Léon André Touchard. Il s'y était installé avec son épouse depuis 1880, enceinte en 1886, ses deux enfants Nadège et Gaston junior, son père Hippolyte, veuf depuis longtemps et propriétaire du château, et quatre domestiques: une gouvernante, un valet de chambre, une femme de chambre et une cuisinière.

Voir ici son arbre généalogique

Carte postale, collection Archives Municipales d'Eaubonne, côte 8Fi518

Château de la Vallée, Eaubonne

Robert SALMON - résistant, journaliste et homme politique

Robert Salmon

Commandeur de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1939-1945, Médaille de la Résistance, Médaille des Évades…. Robert Salmon fut un grand résistant de la Deuxième Guerre mondiale.

Pendant la guerre il fonde en 1941 avec Philippe Viannay le journal clandestin Défense de la France, qui devient sous sa direction à la Libération en novembre 1944 Défense de la France – France Soir puis France Soir tout court.

Luc Cédelle, journaliste au Monde, nous raconte la suite (Le Monde du 23 octobre 2013):

Robert Salmon est ensuite l’un des fondateurs de l’UDSR (Union démocratique et socialiste de la Résistance), formation où il côtoie René Pleven et François Mitterrand. En 1945, il est élu à Paris à la première Assemblée nationale constituante.

Mais, à partir de 1947, il renonce à la carrière politique et se consacre entièrement à la presse, où il cumu­lera les responsabilités. Administrateur de La Tribune économique, il fonde en 1946 la revue Réalités. En 1949, il est PDG de la société France éditions et publications, qui édite France-Soir, Le Journal du Dimanche, Elle et France-Dimanche. À partir de 1962, il dirige aussi la société qui édite Réalités, Connaissance des arts et Entreprise. Il sera aussi secrétaire général de la Fédération nationale de la presse française de 1951 à 1977, administrateur de la Régie française de publicité de 1968 à 1979. Membre du Conseil économique et social de 1959 à 1969, il enseignera de 1967 à 1989 à l’Institut d’études politiques de Paris.

Né le 6 avril 1918 à Marseille (Bouches-du-Rhône), issu d’une famille d’indus­triels installée à Paris à partir de 1920, Robert Salmon, après une brillante scolarité au lycée Buffon (il est lauréat du concours général) entre en khâgne au lycée Louis-le-Grand. En septembre 1939, il est mobilisé comme observateur d’artillerie dans la Sarre, sur la ligne Maginot. Après la défaite de juin 1940, il est, avec ses cama­rades, convié par l’armée française à marcher vers l’Alsace, où tous sont remis aux troupes allemandes comme prisonniers. À Sélestat (Bas-Rhin), il parvient à s’évader lors du départ de sa colonne. De retour à Paris, cherchant à reprendre ses études à l’École normale supérieure où il était admissible, il rencontre un ancien condisciple, Philippe Viannay. « On se sent minuscules devant une France qui s’en va par tous les bouts », témoigne-t-il dans Les Combattants de l’ombre, une série documentaire réalisée par Bernard George en 2011 pour Arte. « Alors, pour des intellectuels, la réponse c’est : on va écrire, on va faire des tracts. »

Après quelques textes diffusés « auprès des copains », les deux compères, bientôt rejoints par des amis, créent une publication régulière : le premier numéro de Défense de la France, une feuille recto verso, paraît le 30 juillet 1941, tiré à 5 000 exem­plaires et faussement daté du juillet, parce que « ça faisait plus chic ». « On s’adressait à l’opinion française pour la redresser, pour qu’elle fabrique des résistants, pour dénoncer les mensonges de Vichy et des Allemands. » Défense de la France devient, fin 1942, au-delà d’une publication, un mouvement, de sensibilité sociale-démo­crate, lui-même affilié au Mouvement de libération nationale (MLN) rassemblant des résistants non-communistes. La publication, de plus en plus professionnelle, déli­vrant « des informations de premier ordre », imprimée notamment sur une machine offset cachée dans les caves de la Sorbonne, aura le tirage le plus important de toute la presse clandestine, atteignant en 1944 des centaines de milliers d’exemplaires.En août 1944, Défense de la France paraît librement et sera rebaptisé quelques mois plus tard France-Soir, titre dont Pierre Lazareff prendra la direction.

Robert Salmon est ensuite l’un des fondateurs de l’UDSR (Union démocratique et socialiste de la Résistance), formation où il côtoie René Pleven et François Mitterrand. En 1945, il est élu à Paris à la première Assemblée nationale constituante. Mais, à partir de 1947, il renonce à la carrière politique et se consacre entièrement à la presse, où il cumu­lera les responsabilités. Administrateur de La Tribune économique, il fonde en 1946 la revue Réalités. En 1949, il est PDG de la société France éditions et publications, qui édite France-Soir, Le Journal du Dimanche, Elle et France-Dimanche. À partir de 1962, il dirige aussi la société qui édite Réalités, Connaissance des arts et Entreprise.

Il sera aussi secrétaire général de la Fédération nationale de la presse française de 1951 à 1977, administrateur de la Régie française de publicité de 1968 à 1979. Membre du Conseil économique et social de 1959 à 1969, il enseignera de 1967 à 1989 à l’Institut d’études politiques de Paris. En 2004, sous le titre de Chemins faisant, Robert Salmon avait publié ses Mémoires aux éditions LBM.

Dans les années 1950 il devient propriétaire du parc des Dures-Terres à Eaubonne, entre le parc Mirabaud et la limite de Soisy-sous-Montmorency.

Voir ici son arbre généalogique

Samuel Ustazade SILVESTRE de SACY - Sénateur, Académicien et journalist

Samuel Ustazade Silvestre de Sacy


Samuel naît à Paris en 1801, fils du célèbre linguiste et orientaliste Antoine Isaac Silvestre de Sacy et de Anne-Marie Renaudière, son épouse. Les Silvestre de Sacy (voir son arbre généalogique) sont depuis 5 générations notaires, procureurs, conseillers du Roy, avocats au Parlement… et ce n’est pas étonnant que Samuel (6ème des 9 enfants du couple) soit le bénéficiaire d’une excellente éducation et d’un réseau de soutiens.

Le « Dictionnaire des Parlementaires français », (Robert et Cougny (1889) dit de lui :

Il fit de brillantes études au collège Louis-le-Grand, puis étudia le droit à Paris. Licencié en 1820, il exerça pendant quelques années la profession d'avocat. A vingt-sept ans, il entra à la rédaction du Journal des Débats, dont il ne cessa depuis lors de faire partie. Partisan zélé du gouvernement de juillet, il défendit constamment dans ses articles la politique des ministres de Louis-Philippe, fut nommé conservateur de la bibliothèque Mazarine en 1836 et administrateur en 1848.

Jenny Trouvé

Il renonça à la polémique politique après le coup d’État du 2 décembre 1851, continua de collaborer aux Débats comme rédacteur littéraire, et fut appelé, le 18 mai 1854, à succéder à Jay comme membre de l'Académie française. Chevalier de la Légion d'honneur en 1837, officier du même ordre en 1860, il fut nommé (juillet 1864) membre du conseil supérieur de l'instruction publique. Jusque-là M. de Sacy avait évité d'adhérer formellement au gouvernement impérial. Mais deux articles extrêmement élogieux qu'il publia (1865) dans les Débats sur le premier volume de la Vie de César, lui valurent d'être appelé au Sénat le 26 décembre de la même année, et d'être promu Commandeur de la Légion d'honneur le 4 août 1867.


Il n'eut qu'un rôle parlementaire effacé, soutint de ses votes le gouvernement impérial, et conclut, comme rapporteur, au rejet d'une pétition catholique qui demandait que le gouvernement s'opposât à l'érection d'une statue de Voltaire sur une des places de Paris (21 décembre 1869). La révolution du 4 septembre le rendit à la vie privée. Ce fut lui qui prononça sur la tombe de Thiers le discours au nom de l'Académie française.


Il est pendant vingt ans rédacteur au Journal des Débats, où il s'occupait de critique littéraire.

Il est conservateur de la Bibliothèque Mazarine en 1836 et en devint l'administrateur en 1848. En mai 1836 il se marie avec Marguerite (dite « Jenny ») Trouvé, de 8 ans sa cadette. Ils ont à leur tour 6 enfants, dont l’aîné Alfred prendra le titre du 4ème Baron Silvestre de Sacy.

16 rue Gabriel-Péri à Eaubonne

Élu membre de l'Académie française le 18 mai 1854, il remplace d’Antoine Jay, au fauteuil numéro 15.

Dans ce qui était autrefois la rue de Paris à Eaubonne, aujourd’hui la rue Gabriel-Péri, dans la partie qui longe l’église Sainte-Marie et débouche plus loin sur le rond-point Charles-de-Gaulle, au numéro 16, le couple Samuel Ustazade et Jenny achètent en 1847 la grande maison bourgeoise de trois étages qui est toujours visible à cet endroit (voir photo ci-jointe). Samuel partagera sa vie entre Paris (23 quai Conti, 6ème Arrondissement) et Eaubonne jusqu’à sa mort en 1879. L’année d’après la maison familiale sera vendue.

Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (10ème division)

Michel ZÉVACO - écrivain, anarchiste et journaliste

Michel Zévaco

Voir la biographie détaillée de Michel Zévaco sur l’excellent et bien renseigné site du Centre International Michel Zévaco

Jean-Paul Sartre dit de lui  «  Surtout, je lisais tous les jours dans Le Matin, le feuilleton de Michel Zévaco : cet auteur de génie, sous l’influence de Hugo, avait inventé le roman de cape et d’épée républicain. Ses héros représentaient le peuple ; ils faisaient et défaisaient les empires, prédisaient dès le XIVème siècle la Révolution française, protégeaient par bonté d’âme des rois enfants ou des rois fous contre leurs ministres, souffletaient les rois méchants. »

Polémiste virulent, sa cible préférée est le ministre de l’Intérieur de l’époque qu’il provoque en duel. Il est ainsi condamné pour provocation au meurtre à quatre mois de prison et incarcéré à Sainte-Pélagie. Il y rencontre Aristide BRUANT. A la sortie, il retrouve "L’Égalité" où il écrit articles, romans-feuilletons et nouvelles. Il fait connaissance à cette époque avec Louise MICHEL et avec la journaliste SEVERINE (Caroline REMY) qui avait fondé "Le Cri du Peuple" avec Jules VALLES. Il décide de créer lui aussi un journal "Le Gueux" dont le seul numéro paraît en 1892. Il retourne alors en prison suite à divers articles anti-bourgeois en pleine période d’attentats anarchistes…..

Fils d’un père tailleur d’habits et d’une mère couturière, ses ancêtres sont des Corses d’Ajaccio. Voir ici sa généalogie sur 5 générations.

Vous trouverez la (très) longue liste de ses œuvres sur sa page Wikipédia.

Michel Zévaco par Oswald Heidbrinck

A noter qu’au début du 20ème siècle, Michel ZÉVACO était l’un des auteurs les mieux payés de France avec Gaston LEROUX, l’auteur des aventures de "Rouletabille" et du "Mystère de la Chambre Jaune" (selon le site http://lieuxdits.free.fr/zevaco.html)


En février 1907 il se marie avec Jeanne Passerini, d'origine italienne, sa compagne depuis longtemps et mère de ses quatre enfants, qu'ils légitiment.

Il achète une maison à Pierrefonds dans l'Oise pour être plus près de son amie Sévérine. Sa villa, « La Roche Fleurie », est dotée d’un immense jardin, et située en face du château. Mais pendant la Première Guerre, craignant les bombardements allemands qui s'approchent dangereusement de la ville, il démenage à Eaubonne pour être plus en sécurité. Il achète une maison dans la rue de la Gare (actuelle rue du Général-Leclerc) au numéro 30, pratiquement à côté de celle de son confrère et contemporain Paul LORDON qui habite à cette époque au numéro 26. Ils ne pouvaient pas ne pas se connaître.

C'est dans cette maison qu'il meure le 8 août 1918 d'une maladie de l'estomac. Il choisit d’être inhumé dans le cimetière d‘Eaubonne (Ancien Cimetière, Division 5, Section 5, tombe 10), ses obsèques ont eu lieu dans le corbillard des pauvres, comme Victor Hugo.

Un rond-point d'Eaubonne porte son nom, au croisement de la rue de Saint-Prix (D 909) et la rue du Dr. Roux, à une centaine de mètres du cimetière où il repose.


- Zévaco par Oswald Heidbrinck dans le Courrier Français du 7 mai 1891